La guerre de près et de loin XXe-XXIe siècle
Comme toute réalité sociale, la guerre n’est pas seulement un fait en soi. C’est surtout un événement vécu et rapporté par des témoins, des victimes et des acteurs de différentes natures et de différents statuts. La manière dont les guerres sont vécues et rapportées par les témoins, victimes et acteurs, dépend largement de l’ensemble des représentations individuelles et collectives qu’elles véhiculent et des relations qu’elles entretiennent avec l’environnement politique, économique, religieux et social au sens le plus large. Comment la guerre est-elle représentée ?
Comment les acteurs de la guerre sont-ils eux-mêmes représentés ? Quelle image, collectivement élaborée et partagée, a-t-on de l’ennemi ? Comment les représentations de l’ennemi et de la guerre sont-elles éventuellement élaborées, diffusées et instrumentalisées pour susciter l’adhésion, pour mobiliser, pour fabriquer du rejet ou du consentement, enfin pour instituer la norme du juste et de l’injuste ? Autant de questions qui sont les fils rouges de cet ouvrage, composé dans le cadre du projet Sorbonne War Studies pour répondre à un double défi. Il s’agit premièrement d’appréhender la représentation de la guerre à la fois comme une perception consensuelle et comme une projection manipulée, pour donner lieu à une féconde discussion entre des spécialistes de plusieurs disciplines des sciences humaines et sociales (la géographie, l’histoire, l’histoire de l’Art et l’archéologie, la sociologie) et de différents pays ou aires géographiques (Afghanistan, Afrique subsaharienne, Balkans occidentaux, Europe orientale, Maghreb, Moyen Orient).
Il s’agit deuxièmement de mettre à jour et de décrypter, derrière les images et la communication contrainte, et en allant parfois au plus près de l’expérience du combat, différents points de vue sur des conflits violents contemporains, qu’ils soient proches ou lointains. Trois fils directeurs ont été choisis pour construire la réflexion au sujet des représentations de la guerre, appréhendées comme des constructions sociales et politiques et comme les fruits de multiples transactions : l’impact des révolutions techniques, la justification des opérations militaires extérieures (notamment les opérations françaises) et la pertinence de la notion de territoire pour qualifier la guerre et l’interpréter.